Suite aux événements de début d’année, le gouvernement annonce un certain nombre de mesures concernant l’école dont la mise en oeuvre d’un enseignement laïque de la morale à l’école, au collège et au lycée. Le Cercle Condorcet de Clermont invite à la prudence dans la présentation qui en est et en sera faite et à ne pas entretenir des idées fausses : l’école ne peut pas tout ; l’école ne détermine pas les usages que les individus font de ce qu’elle leur apprend, y compris sur le plan de la morale.
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Auteur/autrice : admin
Je suis CHARLIE
Abasourdis. Par ce carnage, la bêtise, la folie, la lâcheté, ont frappé fort.
Tristes. Devant cette perte d’esprits parmi les plus grands, libres et lumineux ; de fonctionnaires de police démunis devant un commando fanatique lourdement armé ; et d’autres collaborateurs du journal, ce journal symbole de la liberté de pensée et de la liberté d’expression.
Et déterminés. Les membres du Cercle Condorcet de Clermont-Fd sont déterminés à défendre les valeurs de notre République laïque et à opposer les Lumières à l’obscurantisme, contre les intégrismes qui détournent des religions au service de la tyrannie.
La Montagne en parle
« La question de l’islam aujourd’hui en France », une conférence d’Abdenour Bidar
Quelques membres de notre cercle ont suivi, avec intérêt, la conférence donnée par Abdennour Bidar le 14 novembre 2014, à l’Ecole de droit de Clermont-Ferrand.
Philosophe spécialiste de l’islam, Abdennour Bidar est membre de l’Observatoire de la laïcité et chargé de mission auprès du Ministère de l’Education Nationale pour la pédagogie de la laïcité. Il a contribué à la rédaction de la « Charte de la laïcité ».
La présence massive et visible de l’islam conduit notre société toute entière à s’interroger sur elle-même et les musulmans à s’interroger sur eux-mêmes : tel est le point de départ de la réflexion proposée. Abdennour Bidar constate que la société française (et occidentale) est en crise et que le monde musulman est également en crise : de part et d’autre, les « valeurs » sont ébranlées et ne sont plus partagées ; le drame est que chacun voit en l’autre l’image de sa propre crise et l’accuse d’en être la cause.
Il faut sortir de cette logique d’accusation réciproque, admettre que chaque partie a un riche héritage à préserver, et s’interroger de part et d’autre sur les valeurs qui rassemblent vraiment encore aujourd’hui au sein du monde occidental comme au sein de l’islam, et celles qu’il serait possible de partager avec les autres. Autrement dit : quelle est la voie entre fidélité et mouvement ? ou encore, quelles sont les valeurs candidates à l’universalité ?
Concernant la « laïcité » à la française, il fait observer qu’elle ne fait pas consensus : c’est même devenu un instrument de division, « un nuage noir » ; d’où la nécessité de la Charte et des explications qu’il est redevenu indispensable de transmettre par l’école de la République.
Concernant l’islam, il fait observer qu’il n’est pas homogène dans le monde, que la colonisation a provoqué en son sein une « crise abyssale » (wahhabisme, salafisme, kemalisme…) et que les musulmans en France n’ont pas tous les mêmes compréhensions ni les mêmes degrés de pratique religieuse.
A partir d’exemples concrets, il montre que le « vivre ensemble » suppose que chacun ne conserve de ses traditions que ce qui est acceptable par l’autre, sans pour autant y renoncer à titre privé : c’est par exemple s’abstenir d’afficher en public son appartenance religieuse ; cela n’implique pas de renoncer à cette appartenance.
Il invite à puiser dans les histoires séculaires des uns et des autres et à « fabriquer du commun ».
En complément de ce résumé, on pourra lire lire ce texte magistral qui situe l’homme et sa pensée : « lettre ouverte au monde musulman »
http://blog.oratoiredulouvre.fr/2014/10/tres-profonde-lettre-ouverte-au-monde-musulman-du-philosophe-musulman-abdennour-bidar/
Laïcité : une nécessaire vigilance
La dernière réunion de notre cercle (lundi 6 octobre 2014) a été l’occasion de soulever la question de la laïcité, et de rappeler combien elle demeure une question brûlante :
– les deux derniers numéros d’un magazine hebdomadaire lancent un cri d’alarme contre la multiplication des attaques contre la laïcité. Un président d’université (1) y dénonce en particulier les comportements et exigences de certains étudiants qui veulent réintroduire les lois de leurs religions à l’intérieur des locaux universitaires : port du voile, refus des étudiantes de passer des examens avec des examinateurs masculins, refus de participer à des examens le samedi, demande de création de salles de prières, d’un stand de sandwiches halal… Revendications jugées inquiétantes par l’auteur de l’article ;
– à la faveur des nouveaux dispositifs des rythmes scolaires, on voit ici et là s’infiltrer dans les écoles, certaines associations qui se livrent au prosélytisme religieux, sous couvert d’activités culturelles ;
– le bulletin Auvergne Laïque a relevé dans son éditorial, la création d’une commission des droits en Alsace et en Moselle où figurent les représentants des 3 religions officielles (catholique, protestante et juive, toute autre religion n’étant pas représentée) et d’où tout représentant laïque est exclu ! Cette mesure ne permet plus d’espérer l’abolition du concordat qui, dans la république française, constitue une exception intolérable.
Les membres du Cercle Condorcet de Clermont-Ferrand s’accordent à dénoncer la gravité de ces événements et la nécessité d’une vigilance et d’une mobilisation permanentes en faveur de la laïcité. Il convient de faire respecter les lois de 1905, comme l’a proclamé l’assemblée nationale des DDEN (2) dont un membre du cercle s’est fait l’écho.
Toutefois en dehors des positions éthiques, le cercle ne peut que réaffirmer, qu’il appartient aux législateurs et au gouvernement d’apporter des solutions à ces problèmes.
(1) L’Université, territoire sacrifié de la laïcité, par S.Mayol, dans Marianne, octobre 2014
(2) Quelle école de la République pour le XXIème siècle…, bulletin des DDEN, septembre 2014