Suite au mouvement des « gilets jaunes », le Président de la République a lancé un Grand débat national auquel les Cercles Condorcet ne participeront que par un débat interne aux Cercles Condorcet et auquel le Cercle de Clermont contribuera par une réflexion sur le fonctionnement de la démocratie, en France, et en Europe.
En préalable, le Cercle Condorcet de Clermont-Fd a précisé, dans sa réunion du 7 janvier 2019, son appréciation sur le fond de la situation.
Comme d’autres l’ont dit avant nous, le mouvement des gilets jaunes est, au-delà des expressions multiples, désordonnées et souvent contradictoires, une traduction d’un malaise profond de notre société, celui d’une injustice sociale criante qui lèse, certes inégalement, une fraction de plus en plus importante de la population (60% des foyers ont un revenu insuffisant pour payer l’impôt sur le revenu, et 10% sont en dessous du seuil de pauvreté) , au profit d’une fraction d’entre elle qui concentre la richesse mais aussi le pouvoir et qui organise, réglemente, avec cynisme, la précarité des uns et les privilèges et les profits des autres. La colère qui monte, depuis longtemps déjà, s’est exprimée par l’abstention massive, puis par le dégagisme massif, puis par divers mouvements comme les Nuits debout et surtout maintenant les Gilets jaunes, archi-minoritaires mais massivement soutenus malgré les déplorables débordements.
Et d’Ancien Monde à Nouveau Monde, rien ne change. Car rien ne peut changer sans rompre avec la sacro-sainte loi du marché érigée en idéal de société. Une loi qui implique en cascade consommation, gaspillage, surendettement, pour favoriser une production par exploitation des hommes et des pays sous-développés, le pillage des ressources, la pollution et les bouleversements écologiques… Et cela au nom de la la liberté ! La libre concurrence et ses corollaires la rentabilité, la concentration, et la compétitivité, la libre circulation des hommes certes (au profit de… ?), des biens et des capitaux … La suppression progressive des services publics de proximité non rentables, et la privatisation pour ouverture à la concurrence de tous les secteurs d’activité qui peuvent être sources de profits (transports, réseaux de communication, santé,…)
On peut difficilement décrire autrement les fondements de l’Union Européenne comme marché, comme espace ouvert à la concurrence, où la croissance est présentée comme un objectif en soi, et où la protection sociale n’est plus qu’un moyen de gestion de la précarité aux côtés de l’action caritative.
La mécanique est bien sûr plus complexe que cette analyse sommaire peut prétendre la décrire complétement, mais comment s’étonner que les citoyens, éclairés pour être allés à l’école au moins jusqu’à seize ans, n’aient pas conscience de cela, confusément, et en dépit des charlatans qui leur serinent à longueur de journée, par media interposés, un monde tellement différent de leur réalité quotidienne, et leur délivrent des vérités tellement étrangères à la raison commune.
Autant dire après cela que nous n’attendons pas grand-chose du « Grand débat » national annoncé.