Ancien ministre de la III République, résistant durant la Deuxième Guerre mondiale, Jean Zay a été assassiné en juin 1944 par la Milice. Le transfert de ses cendres au Panthéaon aura lieu le 27 mai, en même temps que celles de Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Pierre Brossolette
De Alain Bandiéra
Les 3 étapes de l’hommage rendu à Jean Zay, le 24 janvier, ont figuré, pour les hommes d’aujourd’hui, et la postérité, l’itinéraire passionné et douloureux de cette grande figure de la liberté : de la carrière de Cusset où on tenta de l’anéantir, jusqu’à la mairie de Clermont où eut lieu son procès inique, en passant par la maison d’arrêt de Riom où il fut incarcéré, 3 stations qui dessinent un chemin de croix…. farouchement laïque.
La presse locale a donné le détail des cérémonies d’hommage : nous retiendrons qu’il était, parmi tous ses engagements, un ardent défenseur de l’école publique que les forces obscures n’ont jamais cessé de vouloir détruire , et à laquelle nous sommes plus que jamais attachés.
Le parcours de Jean Zay dépasse très largement la dimension d’un destin individuel : il est chargé de toute l’histoire des idées qu’il n’a cessé de combattre. Les complices du fascisme, les partisans de la collaboration, les adversaires du Front Populaire, ceux qui refusaient « l’école sans dieu » choisissent Jean Zay comme bouc émissaire de leur haine et lui infligent persécutions, tortures, simulacres de procès, jusqu’à l’infâme exécution. Une telle obstination dans la violence, un tel programme de destruction d’un homme, montrent le visage d’une droite réactionnaire qui n’a pas baissé la garde.
De tous les hommages qui l’ont célébré, le plus émouvant, celui qui nous rend le héros éternellement proche et humain, c’est la lecture que fait Marcel Col de la dernière lettre écrite à Madeleine, l’épouse de Jean Zay : il n’y est question que de bonheur, de joie, d’espoir et de courage. Ces convictions-là le dessinent tout entier. A l’heure où la barbarie reprend les armes, le destin de Jean Zay, ses engagements et ses combats résonnent comme des leçons autant que des avertissements. Son nom commence par la lettre Z , rendue célèbre à l’occasion d’un autre assassinat : c’est la première lettre d’un mot grec qui signifie « Il est vivant ».